L’actualité chinoise dans une perspective historique et culturelle

Article de Jan Longeval – Senior Advisor chez Eurinvest Partners

Quo Vadis est le nouveau bulletin économique et financier d’Eurinvest Partners, rédigé par notre Senior Advisor Jan Longeval. Basé sur une recherche approfondie et indépendante, il vise à mettre en lumière certains des thèmes économiques, financiers et géopolitiques les plus importants au niveau global.

 

Sommaire

Depuis sa défaite lors de la première guerre de l’opium en 1839, la Chine a traversé ce que Mao a appelé plus tard le « Siècle de l’Humiliation », lorsque les puissances impérialistes occidentales et le Japon ont forcé la Chine à accepter les Traités Inégaux, dans lesquels elle a perdu, entre autres, Hong Kong et Macao. Lorsque Mao a instauré la République populaire de Chine en 1949, certains ont estimé que cela marquait la fin du Siècle de l’Humiliation. Pour d’autres, la fin n’est arrivée qu’en 1997 avec la rétrocession de Hong Kong ou en 1999 avec la rétrocession de Macao. Mais pour beaucoup d’autres, dont Xi Jinping, le Siècle de l’Humiliation ne prendra fin qu’avec la réunification avec Taïwan. Le Siècle de l’Humiliation est profondément gravé dans la mémoire collective de la Chine. Chaque tentative d’ingérence étrangère, comme la visite insensée de Nancy Pelosi à Taïwan, renforce cette mémoire et augmente la probabilité d’une annexion de l’île. Les investisseurs doivent garder ce scénario à l’esprit. Quel que soit le scénario, la démondialisation va s’emballer en raison des tensions géopolitiques croissantes. Les entreprises occidentales fortement exposées à l’économie chinoise, comme Apple, sont très vulnérables.

Après quatre décennies de libéralisation, Xi Jinping inverse les tendances capitalistes de la Chine. Le PCC a resserré son emprise sur le secteur privé et a détruit son propre secteur de la (ed-)tech et des jeux. Xi Jinping ne cache pas ses idées communistes fondamentales. C’est un idéologue qui tolère le succès du secteur privé à condition qu’il ne fasse pas obstacle au nirvana communiste. Il a installé un régime totalitaire qui recourt à la répression, à la censure, à la propagande et à la manipulation des statistiques officielles. Sa politique extrême zéro-covid, utilisée pour imposer un contrôle total sur la population, s’est retournée contre lui et conduit à la plus grande révolte populaire depuis les manifestations étudiantes de 1989. La Chine a un énorme problème de gouvernance, ce qui est encore un autre aspect que les investisseurs doivent garder à l’esprit.

La bulle immobilière de la Chine est en train de se dégonfler, entraînant la croissance économique pour de nombreuses années à venir, tout comme le déclin des investissements étrangers. Ce phénomène, conjugué à l’évaporation de la population active chinoise, qui devrait passer de 900 millions à moins de 300 millions de personnes, ainsi qu’à la baisse des gains de productivité, fera baisser le taux de croissance économique de la Chine à 3 %, bien en deçà des prévisions du consensus, jusqu’à ce que les forces démographiques fassent passer le taux de croissance en dessous de zéro. « Petit à petit, puis soudainement ». Le miracle de la croissance chinoise est terminé. Les effets enverront des ondes de choc à travers l’économie mondiale, réduisant la croissance économique structurelle, créant un long marché baissier pour les matières premières et la déflation.

Les investisseurs dans les actifs chinois dansent sur un volcan. Compte tenu de ses faibles perspectives à long terme, investir en Chine devrait être opportuniste. Les actifs américains restent la valeur refuge par excellence dans le nouveau contexte géopolitique et démographique.

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